Un Clean Industrial Deal pour renforcer la compétitivité de l’industrie européenne et un Competitiveness Fund européen pour soutenir les investissements dans les infrastructures et les projets industriels, en particulier dans les secteurs à forte intensité énergétique. Quelques mois après le lancement de l’Antwerp Declaration for a European Industrial Deal, Ursula von der Leyen, réélue présidente de la Commission européenne, a annoncé une politique industrielle ambitieuse. Une absolue nécessité. Toutefois, le ‘clean’ deal devra aussi être ‘clear’ afin de donner aux entreprises suffisamment de clarté et de confiance pour investir, innover et créer des emplois en Belgique et en Europe.
« Notre première priorité est la prospérité et la compétitivité. Car ceux qui ne sont pas compétitifs seront dépendants ». Lors de son discours devant le Parlement européen, Ursula von der Leyen a mis la compétitivité au cœur de son plaidoyer, en faisant explicitement référence aux industries à forte intensité énergétique. Au cours des cinq dernières années, le monde a changé de manière spectaculaire. Au cours des cinq prochaines années, la prochaine Commission européenne devra agir de manière stratégique pour redonner à l’Europe un rôle de premier ordre sur la scène mondiale, en particulier dans les domaines économique et industriel.
Au cours des 100 premiers jours de la nouvelle Commission, von der Leyen a donc l’intention d’élaborer un plan industriel majeur, le « Clean Industrial Deal ». Elle répond ainsi à l’appel clair lancé lors de l’European Industry Summit qui s’est tenu en février dernier et a donné le coup d’envoi à l’Antwerp Declaration for a European Industrial Deal. Soutenue depuis par 1300 entreprises et organisations issues de 25 secteurs industriels, cette Déclaration portée par l’industrie européenne et les syndicats appelle à une politique industrielle qui renforce la compétitivité, attire les investissements et crée les conditions-cadres adéquates pour réaliser les ambitions du Green Deal européen sur le terrain.
Nouveau mindset
Un message clairement compris par la présidente de la Commission européenne. Plus de pragmatisme et moins de micromanagement fait d’obligations de reporting et de surréglementations. Plus d’investissements dans les infrastructures et l’innovation, ainsi que des efforts supplémentaires pour réduire les coûts énergétiques structurellement élevés qui nuisent à la compétitivité. Un check de la compétitivité dans les nouvelles réglementations, une plus grande attention à la neutralité technologique et une Biotech Act européenne pour donner à la biotechnologie toutes ses chances sur le sol européen. Les premiers contours de la politique industrielle recalibrée semblent prometteurs.
C’est le nouvel état d’esprit dont nous avons besoin. La prise de conscience qu’une industrie forte est le catalyseur d’un avenir durable. Qu’un tissu industriel solide, de la start-up à la PME en passant par l’entreprise internationale, est la source d’emplois et de prospérité et la base des nouvelles technologies et des matériaux durables développés et produits ici. Parce qu’en plus de notre compétitivité, notre autonomie stratégique est également sous pression. Nous sommes confrontés à un protectionnisme croissant dans le commerce mondial et à des blocs commerciaux puissants comme la Chine et les États-Unis. Nous ne pouvons pas nous permettre de devenir dépendants d’autres continents pour des secteurs cruciaux tels que les produits chimiques et pharmaceutiques.
Un Industrial Deal belge
Les ambitions du Green Deal en faveur de la neutralité climatique et d’une économie plus circulaire restent inchangées. Il est positif que l’Europe souhaite désormais y associer une politique industrielle forte afin de soutenir efficacement les entreprises dans leur transition industrielle sans précédent. Cela est également à mettre au crédit de la présidence belge du Conseil européen, qui a placé et maintenu la compétitivité industrielle parmi les priorités de l’agenda politique européen. Les défis restent certes importants pour allier durabilité et compétitivité mondiale. Puisse l’Industrial Deal européen servir d’inspirationdans notre pays, à tous les niveaux politiques, pour placer une politique industrielle ambitieuse au cœur des accords de gouvernement et de leurs mises en oeuvre.
Yves Verschueren
Administrateur délégué essenscia